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Homélie du Père Camille

La vie est souvent comparée à un voyage à la fois personnel et collectif. Suivant les circonstances diverses, le parcours est parfois long ou court, pénible ou agréable. Selon l’évangile de ce 33e dimanche, chacun est en chemin muni de talents, proportionnellement à ces capacités pour les faire produire et les présenter au maître le moment venu. À chacun, ce qu’il faut pour témoigner ou dévoiler le royaume des cieux dans le monde à la manière d’un ferment. Aussi, le Maître confie-t-il cinq talents à l’un, deux à un autre, et un à un troisième. Derrière ces images se cache le mystère de notre vie qui est reçue, mise en valeur et remise à notre mort, de nos compétences liées à cette vie. Quelque chose nous a été confié. Mais quoi donc ? Il y a entre autres la création ; la vie avec ses relations et ses multiples enjeux ; la famille avec ses joies et défis ; les valeurs humaines et évangéliques et ce qui est caché en nous et que nous sommes appelés à découvrir avec la grâce de Dieu et l’aide des autres.

Dieu, pourvoyeur de ces talents fait confiance et tient compte de ce dont chacun est réellement capable. Ce maitre n’est donc pas injuste envers le deuxième et troisième serviteurs qui n’ont pas reçu la même chose que le premier. C’est le réalisme de notre Dieu bienveillant. Il croit en nous, en notre inventivité pour faire valoir ce qu’il lui confie, dans les limites de nos capacités réelles. Il revient au choix libre et responsable de chaque dépositaire de les faire fructifier ou non. C’est ce qui différencie le troisième serviteur des deux autres. Celui-ci a choisi d’enterrer son talent non pas par manque de confiance en lui-même et en ses capacités de mouiller le maillot, si je peux emprunter cette image au monde sportif, mais bloqué par la fausse image qu’il avait de son maître : dur, exigent, imprévisible, un peu magicien. Il moissonne là où il n’a pas semé, et ramasse là où il n’a pas répandu le grain. On peut dire qu’il il a un peu raison. Son maître adore voir les fruits partout, là où chacun va jusqu’au bout de ses efforts pour vivre et partager l’évangile ; au bout de ses engagements ou investissements humains et spirituels. Ce qui, finalement, lui est reproché, c’est son mauvais choix : enfouir son talent au lieu de le placer en bourse où le Maître, à son retour, l’aurait retiré avec les intérêts. Se dégager de toute responsabilité dans le déploiement de son talent ou charisme, en ne faisant rien, est un mauvais calcul, fait comprendre le Maître. Le talent ou le charisme rend inventif, débrouillard. Il vient de l’Esprit de Dieu Créateur, toujours à l’œuvre. C’est cet Esprit qui nous est donné pour nous inspirer, soutenir nos efforts et leur faire porter du fruit.

En ce temps de crise sanitaire avec ses absences de prière et célébrations communautaires du Ressuscité, nous sommes invités à accueillir notre appel à la foi à la lumière de cette expérience de ces trois serviteurs. L’attente est éprouvante, dans ce monde hyperactif. Au travers des propositions diverses et adaptées, nous avons et devons inventer de quoi nourrir personnellement, en famille et en Église, notre foi et notre espérance. Comme dit Saint Paul dans la deuxième lecture, nous sommes bien équipés pour que rien ne nous surprenne, en tout cas pas la tentation de sombrer dans la désespérance. La Parole de Dieu nous maintient dans la lumière du Christ pour nous garder de tout endormissement. C’est elle qui a façonné l’image de la femme et mère rêvée de tous les foyers de la première lecture : délicate, très douée de ses mains, donnée à Dieu et aux autres, source de gloire et de bénédiction pour sa maison et tout le village. Comme elle, chacun est donc invité à retrouver le ou les talents que le Seigneur lui donne en ce temps pour vivre en disciple du Christ et apporter la joie et la sérénité autour de soi. Comme pour les trois serviteurs, vivre et réaliser notre être d’enfants de Dieu ou de fils de la lumière dépend de notre choix libre.

L’évangile du dimanche dernier nous recommandait de veiller dans l’espérance du retour certain du Seigneur. Avec celui d’aujourd’hui nous voyons bien à quoi doit ressembler notre veille ou notre attente de l’époux qui vient : faire fructifier chacun de nos talents.

Chaque talent relie le dépositaire au Maître parti en voyage. Il lui rappelle l’absence de ce dernier et le maintien en sa présence. Il est avec chacun à travers ses propres biens qui leur a distribués, qui du coup, ne sont pas que matériels. Ce sont des symboles et le gage de sa fidélité comme dira le Maître aux deux qui se sont donnés de la peine pour mettre en valeur tous leurs talents : « Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierais beaucoup entre dans la joie de ton maître ». Ne pas couper le cordon, même en pointillé est un bon point.

Frères et sœurs, gardons présent à l’esprit cet horizon ultime de notre existence humaine et chrétienne : nous remettrons nos talents, au soir de notre vie ; non pas en l’état mais avec tous les fruits que nous leur ferons produire. Recevons-le encore aujourd’hui avec l’évangile de ce dimanche comme un déclic, un levier de fécondité de vie chrétienne pour notre temps. La femme engendre la vie dans les douleurs et la lumière de la Résurrection jaillie toujours des ténèbres de tombeau et de la mort. Ne nous laissons pas enlever le peu qui reste lorsque tous semble aller mal ou échapper à tout contrôle humain.

P. Camille D SOMÉ – FMI Cté IDF

Dimanche en famille

Pendant ce confinement, retrouvez ici les propositions de la catéchèse pour vivre l’Evangile du dimanche.

Nous arrivons bientôt à la fin de l’année liturgique. Ce dimanche la liturgie annonce le jour du Seigneur, son retour dans la gloire ! La parabole des talents que vous allez découvrir illustre bien l’attente vigilante du retour du maître qui fait confiance à chacun d’entre nous. Dieu nous a confié à chacun des talents à développer et faire fructifier pour le bien de tous.